Les 20 ans de Chèvre-feuille étoilée
27 août 2020
La revue est sortie...
Commandez-la directement à Montpeller.
C'est un pavé !
Un très joli - riche, varié, étonnant - pavé
dans la maranniversaire
des vingt ans des ces éditions de femmes !
Les éditrices écrivent :
C'est l'automne, le temps des revues et nous en profitons pour publier un Hors-série de notre revue Étoiles d'encre pour fêter notre anniversaire. Le premier numéro est sorti en mars 2000.
Nous voulions une terre d’hospitalité, de vitalité, d’élection pour l’écriture des femmes. Nous voulions être une terre de passeuses, passeuses d’histoire, de mémoire, d’idées, passeuses de cette ardeur qui fait vibrer les mots, fait tenter l’aventure d’écrire et d’oser donner à lire. Nous voulions une terre où s’affirment les multiples présences de la littérature, une terre où s’arraisonne l’ailleurs, toujours, car chaque texte est porteur de cette altérité. Nous voulons encore tout cela.
Ces vingt années nous ont apporté tous ces mots, tous ces textes courts ou longs, tous ces livres, toutes ces femmes qui nous ont fait confiance, qui ont cru en nous, qui nous ont confié un peu de leur âme, de leur intelligence, de leurs émotions et même, souvent, beaucoup de leur amitié en restant toutes et toujours dans l’exigence littéraire et artistique. Rien que dans cette essentielle exigence.
Étoiles d’encre a accueilli beaucoup d’artistes tout au long de ces 20 ans. Beaucoup nous ont offert des visuels de leurs œuvres pour ce numéro anniversaire. Florence Dussuyer nous fait l’immense cadeau d’en illustrer la couverture.
Édito de Behja Traversac, Maïssa Bey et Marie-Noël Arras
Contribution de 66 auteur.e.s et 25 artistes.
Des témoignages - dont le mien -
sont à lire en cliquant ici.
Revue à commander
je suis également présente,
notamment pour un texte qui n'aurait pas existé sans cet anniversaire,
et une illustration,
aux couleurs chatoyantes.
Je vous offre le début de cette nouvelle inédite.
Achetez, commandez la revue, soutenez cette maison atypique,
et en plus, ainsi,
vous pourrez en découvrir la suite...
Le coffre magique
C’est une histoire de feuilles, d’étoiles, d’encres. C’est une histoire de tout. Une histoire d’albums, de mots, de tendresse. Une histoire de rives, de rivages, d’âge. C’est une histoire en or. C’est une histoire de famille, d’enfants, de parents. Une histoire d’amour et de temps qui passe. Une histoire incroyable et pourtant vraie. C’est l’histoire de Maïssa. Ou l’histoire de chacun d’entre nous.
Maïssa a 100 ans et elle pétille. Bien sûr, elle limite son territoire, de plus en plus. Elle a commencé par ne plus prendre les grandes avenues puis elle a évité de se rendre chez T. ou M., qui habitent des quartiers éloignés. Désormais, elle se borne, disons, à un périmètre de cinq ou six kilomètres – de toute façon, elle est toujours capable de faire le tour du pâté de maisons, à pied. Et elle apprécie quand des amis pensent à passer la chercher pour la sortir, l’emmener ici ou là.
Elle connaît encore la liberté. Celle de faire les courses, d’aller visiter ceux qui sont seuls, oubliés. Maïssa a la chance de toujours bien marcher, même si ses pieds s’avèrent parfois franchement douloureux, à lui jouer des tours et se rappeler à elle. Les orteils, surtout. Ils peuvent lui faire mal, à pleurer. Mais elle est autonome, dans sa maison : libre. Pour l’arrosage des pots, dans sa jolie cour, et ses bougainvillées et volubilis, envahissants, à l’assaut de sa façade entière, elle se fait aider, de plus en plus. Elle ne veut pas que Djilali lui porte des casseroles de couscous, à domicile, ce serait admettre qu’elle faiblit, et elle préfère, pour l’instant, se rendre au marché, choisir ses fruits, ses légumes. Du piment. Des dattes. Elle y trouve de si bonnes cornes de gazelle, parfois même quelques makrouts, qui lui plaisent. D’inimitables roses des sables. Miel, cannelle, des douceurs croustillantes, orientales. Elles étaient bien meilleures quand elle les mitonnait elle, mais fourrées à l’amande, avec une note d’orange amère, très sucrées, fondantes, elles ne sont pas si mal. Maïssa garde toujours quelque pâtisserie à offrir. Elle en offre à ceux de ses arrière-petits-enfants qui viennent lui rendre visite, pour qu’ils embarquent, avec eux, un petit peu de sa si belle et douce Afrique du Nord.
Un matin de décembre, Maïssa se réveille. Elle a pris sa décision.