La salle des manuscrits d'Anne Poiré
30 avr. 2021
Depuis l'enfance...
Ma toute petite enfance.
Tous mes manuscrits ne sont pas rassemblés ici.
Un coffre, un étage plus bas, recèle les premiers écrits.
Dans cette pièce ne sont réunis que les dossiers
depuis 1986/1987, à peu près.
À ces documents s'ajoutent tous ces textes
- pas toujours aboutis -
dans mon Mac...
Beaucoup - la majorité - vous ne les lirez jamais !
L'ordinateur déborde,
mais aussi les cahiers, les carnets, les feuillets,
toujours trop petits.
Empilés,
stockés...
Pas toujours très bien rangés !
Certains deviennent des livres...
Lesquels sont parfois épuisés !
D'autres sont encore disponibles,
heureusement.
Et puis subsistent des possibles,
encore et encore.
Être écrivain, c’est avoir ou ne pas avoir de famille, c’est écrire à ses frères, à ses sœurs, à son unique jumeau, à l’enfant que ses parents n’ont pas eu, ni avant ni après soi, c’est se taire, ne surtout écrire à personne. Être écrivain, c’est rattraper le message du frère fou, inventer celui de la sœur morte, du père qui vous a toujours préférée aux autres, de la mère qui n’est jamais partie avec son amant, n’a pas disparu, un beau matin. Être écrivain, c’est panser des plaies dont on ignore qu’elles suppurent, c’est se taire, aussi. À un moment donné, ne plus rien dire. Rencontrer des lecteurs, d’inattendus échos, sosies, opposés. S’étonner. Lire avec stupéfaction ce qui sort de soi. Découvrir que l’on avait des histoires pareilles en soi. S’en surprendre. Les lire comme on aurait aimé les découvrir sous la plume d’autrui, de qui d’autre, encore ? Être écrivain c’est entendre une petite musique, et danser, se réjouir sous la pluie. C’est attraper un fil, s’enrouler, dedans, le regarder du dehors, et puis tirer, dénouer, avancer, sortir du labyrinthe ou oser l’explorer.
C’est oublier que l’on a des amis, des frères, des sœurs, c’est devenir son frère, sa sœur, son ami. C’est continuer à explorer le monde, sans sortir de sa chambre. C’est démasquer, masquer, rire aux éclats. Ajouter du rouge soleil, du vert amoureux, du jaune tendresse. C’est tenir un journal, et ne jamais le relire. C’est découvrir une correspondance, et ne pas s’étonner des étonnants destinataires, fictifs ou bien réels. C’est se régaler des mots, passer outre les maux. Laisser jaillir le flux. Oh, comme j’aime être née à l’écriture. Comme je suis contente d’avoir appris à associer non pas seulement des consonnes et des voyelles, des sons, une musique, mais des idées, aussi, des souvenirs, des inventions, des généalogies invraisemblables, du réel, du fantasmé, du doux, du sucré...
Jusqu’au point jamais final, infini
Des heures, des mois, des années d'écriture...
Toute une vie.
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