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La salle des manuscrits d'Anne Poiré
Quarante-cinq ans d'écriture,
et même un peu plus.
Depuis l'enfance...
Ma toute petite enfance.
Tous mes manuscrits ne sont pas rassemblés ici.
Un coffre, un étage plus bas, recèle les premiers écrits.
Dans cette pièce ne sont réunis que les dossiers
depuis 1986/1987, à peu près.
À ces documents s'ajoutent tous ces textes
- pas toujours aboutis -
dans mon Mac...
Beaucoup - la majorité - vous ne les lirez jamais !
L'ordinateur déborde,
mais aussi les cahiers, les carnets, les feuillets,
toujours trop petits.
Empilés,
stockés...
Pas toujours très bien rangés !
Certains deviennent des livres...
Lesquels sont parfois épuisés !
D'autres sont encore disponibles,
heureusement.
Et puis subsistent des possibles,
encore et encore.
Être écrivain, c’est avoir ou ne pas avoir de famille, c’est écrire à ses frères, à ses sœurs, à son unique jumeau, à l’enfant que ses parents n’ont pas eu, ni avant ni après soi, c’est se taire, ne surtout écrire à personne. Être écrivain, c’est rattraper le message du frère fou, inventer celui de la sœur morte, du père qui vous a toujours préférée aux autres, de la mère qui n’est jamais partie avec son amant, n’a pas disparu, un beau matin. Être écrivain, c’est panser des plaies dont on ignore qu’elles suppurent, c’est se taire, aussi. À un moment donné, ne plus rien dire. Rencontrer des lecteurs, d’inattendus échos, sosies, opposés. S’étonner. Lire avec stupéfaction ce qui sort de soi. Découvrir que l’on avait des histoires pareilles en soi. S’en surprendre. Les lire comme on aurait aimé les découvrir sous la plume d’autrui, de qui d’autre, encore ? Être écrivain c’est entendre une petite musique, et danser, se réjouir sous la pluie. C’est attraper un fil, s’enrouler, dedans, le regarder du dehors, et puis tirer, dénouer, avancer, sortir du labyrinthe ou oser l’explorer.
C’est oublier que l’on a des amis, des frères, des sœurs, c’est devenir son frère, sa sœur, son ami. C’est continuer à explorer le monde, sans sortir de sa chambre. C’est démasquer, masquer, rire aux éclats. Ajouter du rouge soleil, du vert amoureux, du jaune tendresse. C’est tenir un journal, et ne jamais le relire. C’est découvrir une correspondance, et ne pas s’étonner des étonnants destinataires, fictifs ou bien réels. C’est se régaler des mots, passer outre les maux. Laisser jaillir le flux. Oh, comme j’aime être née à l’écriture. Comme je suis contente d’avoir appris à associer non pas seulement des consonnes et des voyelles, des sons, une musique, mais des idées, aussi, des souvenirs, des inventions, des généalogies invraisemblables, du réel, du fantasmé, du doux, du sucré...
Jusqu’au point jamais final, infini
Des heures, des mois, des années d'écriture...
Toute une vie.
Pour retrouver mes publications,
Tags : Poiré, Guallino, livre, manuscrit, stock, rangement, album, carnet, Anne, 2021
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Commentaires
Bonjour Chère Anne,
Merci de nous faire partager tes trésors d'écrits :) "la salle des manuscrits" :) ! Moi, plus trop de papier à part les livres publiés sinon tout est sur l'ordi... et surtout tu es "écrivaiNE, "Autrice" (ce beau mot que le patriarcat avait caché pendant longtemps) romanciERE... les femmes qui écrivent ne doivent plus avoir à se réfugier dans les noms masculins pour exister. Comme pour tous les arts (cuisine, couture, écriture, peinture..) les hommes sont encore les "vedettes" alors que les femmes cuisinent, font de la couture , écrivent beaucoup plus que les hommes ! Dans le Roannais, Toi, Claire, moi, nous sommes des femmes. Dans l'édition "classique" 70% des personnes éditées sont encore des HOMMES ! la discrimination fait toujours rage (cf aussi les émissions littéraires aussi où l'on met un femme et trois hommes pour dire qu'elle est là (en général jolie et jeune...)
Voilà, merci pour ces belles photos et bien amicalement,
isabelle
Merci pour ce commentaire. Mais mon texte refuse d'exclure les écrivains, de tous les sexes. Être écrivain est une chance pour chacun. Et donc pour chacune, bien évidemment ! Un grand sourire... amical et coloré.